Comprendre la résilience
La Stratégie internationale de prévention des catastrophes des Nations Unies (UNISDR) définit la résilience comme « la capacité d’un système, d’une communauté ou d’une société exposés à un danger de résister aux effets de ce danger, de les absorber et de s’y adapter de manière rapide et efficace ». Le Panel intergouvernemental sur le changement climatique la définit comme « le degré de perturbation qu’un système peut absorber tout en conservant le même état ». Le Département britannique pour le Développement international (DFID) définit, pour sa part, la résilience comme « la capacité des pays, des collectivités et des familles à faire face au changement tout en maintenant ou en modifiant leur niveau de vie à la suite de chocs ou de stress . sans pour autant compromettre leurs perspectives à long terme ».
Toutefois, selon le PNUD, comme d’autres, ces définitions se focalisent sur la réponse aux chocs, au détriment de la prévention et de la préparation, et l’objectif affiché est tout simplement de faire revenir les collectivités en difficulté à leur état d’origine. Le PNUD propose donc de définir la résilience comme « un processus de transformation qui repose sur la force des individus, de leurs communautés et de leurs institutions de prévenir et d’atténuer les chocs et de tirer les leçons de leur expérience » – ou « reconstruire en mieux ».
La résilience « est un processus plus qu’un résultat », a dit Samuel Doe, responsable de la coordination pour la résilience du PNUD, avant de faire part de la perplexité qu’il éprouve lorsqu’il entend parler d’organisations qui se préparent à « déployer la résilience ».
Toute communauté visée par un programme incluant une composante de résilience devrait développer une meilleure estime d’elle-même, une meilleure sensibilisation aux disparités entre les sexes, une meilleure capacité d’organisation, un système d’alerte précoce efficace et d’autres formes d’autonomie, ajoute-t-il.
Sur le terrain, les activités qui favorisent l’amélioration de la « résilience » des foyers et des collectivités vulnérables – comme la réduction des risques de catastrophes, le soutien des moyens de subsistance, la protection sociale et les services de base – ne sont pas nouvelles, a indiqué Sarah Muscroft d’OCHA.
« Ce qui est nouveau, c’est la manière dont les besoins sont évalués, dont les programmes sont planifiés et mis en ouvre. Réunir les acteurs humanitaires et les acteurs du développement, coordonner les outils d’évaluation et de planification sont essentiels dans cette approche », a-t-elle ajouté.
Développement ou humanitaire ?
La résilience peut permettre de faire le lien entre la réponse d’urgence et l’aide au développement à long terme et de lutter contre les vulnérabilités qui rendent les individus sensibles aux chocs. Cependant, une certaine confusion demeure sur les porteurs de la responsabilité – les acteurs humanitaires, qui distribuent l’aide d’urgence lors des situations de crise, ou les acteurs du développement à long terme.
Simon Levine, chercheur de l’Institut de développement d’outre-mer (Overseas Development Institute, ODI), a dit, « Ce que j’entends dans les débats et les ateliers me fait penser que les humanitaires sont davantage intéressés par la “résilience”, et qu’il y a une tendance à considérer que la résilience devrait être une composante de la réponse humanitaire – “reconstruire en mieux” – ce qui permettrait de prévenir la récurrence des crises ».
Il a ajouté, « Je suis convaincu que l’on ne met pas l’accent sur ce qui est important . le vrai moteur de l’agenda de la résilience devrait être la prise de conscience que l’objectif de “l’aide au développement” est de protéger les individus de la crise ».
Mais les acteurs humanitaires soutiennent qu’ils vont au-delà de leur mandat de fourniture de l’aide d’urgence. Les crises récurrentes – comme les cyclones dans l’Océan indien, les sécheresses au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, les inondations dans le sud de l’Afrique – les ont déjà amenés à s’interroger sur la possibilité que l’aide humanitaire ne soit qu’une solution provisoire aux problèmes systémiques.
Influencés par les études sur la vulnérabilité conduites au milieu des années 1970, les responsables de l’aide humanitaire se sont de plus en plus intéressés aux solutions à long terme. Cela s’est traduit par l’élaboration de l’approche de réduction des risques de catastrophes (disaster risk reduction, DRR). Le Cadre d’action de Hyogo – le premier cadre de DDR adopté à l’échelle internationale en 2005 constituait « la première tentative globale en vue de détailler les ingrédients de la résilience », a dit Margareta Wahlström, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes.