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La promotion de la résilience au Sahel : changement d'approche ou nouvelle mode ?
Définie très brièvement comme une « capacité à rebondir », la résilience a été introduite dans la réflexion sur le développement via la RRC (réduction des risques de catastrophe) et l'adaptation au changement climatique, pour aujourd'hui irriguer l'ensemble des domaines de l'aide. Deux impacts positifs ont d'ores et déjà pu être constatés :
- la résilience est la reconnaissance de l'échec des politiques de développement du passé et place les bailleurs devant leurs responsabilités, eux qui n'ont pas su anticiper les grandes crises de la Corne de l'Afrique et du Sahel, alors même que les pays concernés étaient depuis longtemps en situation critique ;
- elle place la question de la sécurité alimentaire des populations au centre du débat et réunit l'ensemble des partenaires autour de la table.
Au-delà de ces apports incontestables, l'idée de résilience est en réalité assez multiforme :
- Elle tend à faire le lien entre aide d'urgence et aide au développement : une population résiliente est une population préparée aux crises et susceptible de s'en remettre rapidement.
- davantage que leur vulnérabilité, elle met en avant le rôle des populations et leurs capacités propres à travers la notion d'empowerment.
- elle présente une dimension holistique et témoigne d'une volonté de s'attaquer aux causes multiples de la vulnérabilité : la promotion de la résilience repose sur une articulation de l'adaptation au changement climatique, de la sécurité alimentaire, voire de la promotion de la démocratie.
- elle se décline différemment en fonction des populations cibles.
Il ne faut cependant pas méconnaître les raisons plus pragmatiques à l'origine de son adoption enthousiaste par les bailleurs : elle relève aussi d'une volonté de rationaliser l'aide, en « mettant en avant » les bénéficiaires – Etats et populations - supposés trouver en eux-mêmes les ressources pour sortir de la crise. Cette perspective relativement pessimiste n'est pas absente du discours des OP et des institutions régionales ouest africaines.
Aux yeux de ses promoteurs, la résilience est pourtant une approche novatrice en ce qu'elle associe aux niveaux à la fois politique, organisationnel et opérationnel un ensemble d'outils et de partenaires dans le but d'assurer un pilotage souple de l'aide en situation de pré ou post-crise. Elle associe également les populations qui prennent ainsi une part active à leur destin. Cette approche se manifeste le mieux dans les programmes intégrés qui combinent action écologique, économique et sociale. Le risque est donc qu'afin de produire un consensus politique, on évite de placer sur la table les questions les plus délicates : la gouvernance et la répartition des rôles entre les Etats donateurs, les agences et les Etats bénéficiaires, mais aussi le ciblage (quels secteurs et quelles catégories de la population ?) et la place respective dans ce processus de la communauté humanitaire et de la communauté du développement. Ce
renoncement se ferait au prix d'une dilution du concept de résilience, qui deviendrait alors un simple véhicule pour des pratiques anciennes et inefficaces.
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