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Adaptation en zones pastorales et agropastorales
Bref aperçu historique
Quelques outils du CILSS
Quelques pratiques sur le terrain
Le secteur pastoral est d'une importance cruciale en Afrique de l'Ouest. L'élevage est ainsi vu pour beaucoup comme une thésaurisation, une "banque paysanne" et contribue ainsi à la diminution de la vulnérabilité des ménages. Il représente une dizaine de % du PIB de certaines zones des pays sahéliens et notamment le Mali, Niger et Tchad qui exportent vers les pays côtiers du Golfe de Guinée notamment. Ces zones pastorales sont particulièrement arides et l'élevage est l'activité principale qui les valorise.
Au Sahel et en Afrique de l'Ouest, l'élevage est transhumant dans 70 à 90 % des cas pour l'élevage bovin et 30 à 40% pour les ovins/caprins. Cet élevage extensif entraine des difficultés liées à la gestion des risques, notamment liées au risque climatique, facteur primordial vis à vis du niveau de pâturage et de la santé des animaux.
De plus, on notera que l'expansion démographique en Afrique sub-saharienne voit "migrer" les zones cultivées vers les espaces septentrionaux, jusqu'à utilisés à des fins purement pastoraux et qui d'ailleurs ont des rendements faibles pour les cultures pluviales (typiquement environ 200 kg/ha pour le mil). Aussi dans les zones plus arrosées, l’extension des superficies cultivées empiète sur les couloirs de transhumance et exacerbe les conflits fonciers récurrents observés ces dernières décennies.
| Aparté: le rôle de l'élevage dans le changement climatique. Selon la FAO (2006), l'élevage contribue pour 10 à 18% des émissions des gaz à effet de Serre (notamment dû à la fermentation des aliments ingérés par les ruminants). Quoiqu'il en soit, ces calculs sont largement imputables aux pays en développement et l'Afrique de l'Ouest se retrouve dans une "inégalité climatique" qui induit des effets sur des populations sahéliennes vulnérables qui n'en sont pourtant que peu les causes. |
Il est important de noter que le secteur de l'élevage transhumant s'est par essence adapté aux variations climatiques puisque la transhumance se fait en fonction de la variabilité spatio-temporelle des précipitations. La figure 1 illustre ainsi l'impact des variations climatiques sur les différents axes de transhumance entre le Mali, le Niger et le Bénin et Nigéria, en fonction des précipitations, et notamment les grandes sécheresses de 1973 et 1984. Ces mobilités sont néanmoins de plus en plus difficiles, notamment liées au changement d'usage des sols (avec une forte augmentation des zones agricoles) et aux problématiques foncières, les communautés pastorales ayant de plus en plus de difficulté à avoir un accès aux terres.

Figure 1: Evolution des axes de transhumance entre différents pays d'Afrique de l'Ouest avant, pendant et après les grandes sécheresses de 1973 et 1984 (source Atlas CILSS CSAO)
Il est à également à noter que les pratiques innovantes d'agropastoralisme (association agriculture élevage) sont de plus en plus fréquentes en Afrique de l'Ouest. Si la partie agricole est ainsi favorisée, c'est en quelque sorte au détriment de la partie d'élevage, car les communautés sont ainsi plus vulnérables aux changements climatiques, notamment car moins mobiles.
La figure 2 présente un exemple de travaux effectués par le Centre Régional AGRHYMET qui peuvent aider à la décision les autorités:

Figure 2: Exemple de produits AMESD: suivi des points d'eau au Mali entre Janvier 2009 et Janvier 2010 (source CRA)
Cette carte permet par exemple, grâce au projet AMESD de connaitre l'état des points d'eau de surface utilisable par les pasteurs, et leur asséchement progressif dans le temps.
D'autres outils de télédétection s'avèrent aussi très utiles pour le suivi des zones de patûrage (exemple en figure 3).

Figure 3: Exemple de diagnostic de zones à risques issues d'analyse de produits dérivés de satellites tels que l'ICN, le VCI ou le sNDVI (détails dans le bulletin spécial d'Aout 2012 du CILSS/AMESD).
On notera le récent travail commun du CILSS effectué avec le CIRAD et la FAO notamment qui propose, dans le cadre du SIPSA (Système d'informations sur le pastoralisme au Sahel) un Atlas des évolutions des systèmes pastoraux au Sahel.
D/ Quelques pratiques sur le terrain.
Sur le terrain, des techniques de gestion durable des terres peuvent être proposées pour améliorer l'existence des pasteurs: par exemple, la technique des demi lunes, déjà évoquée ici peut ainsi être développée en zone pastorale comme sur les photos ci-dessous.

Photographie 1: Effet de la charrue mécanisée et application en zone pastorale (demi lunes), Projet PDRD Burkina Faso.
On peut aussi noter la production de banquettes/tranchées dans les zones de plateaux et glacis dégradés, qui, si associées à des mises en défens efficaces et des conventions collectives appropriées peuvent donner des résultats probants. Un réensemencement s'avère important pour coloniser les parties restaurées, au risque de se retrouver avec des espèces peu appétantes, typiquement du sida cordifolia en zone sahélienne (cf. photo 2).


Photographies 2 et 3: Banquettes en zones pastorales dégradées du Niger, ensemencées (à gauche) et colonisés par du sida cordifolia, peu appétante pour les animaux (à droite).
Pour conclure, on retiendra que le secteur rencontre des difficultés dûes à une augmentation de la pression démographique, elle-même entrainant une pression de multiples ordres sur les espaces pastoraux sur lesquels viennent s'ajouter des contraintes climatiques auxquelles les éleveurs sahéliens étaient auparavant adaptés. Ainsi, notons l'importance, vu l'immensité des zones utiles aux pasteurs de techniques mécanisées à des fins de restauration; une mécanisation qui doit être effectuée en tenant compte des réalités sociétales, tant socio-économiques qu'écologiques locales, notamment pour un réensemencement durable de ces zones, accompagnée si possible de banque aliment bétail, afin de permettre une résilience de l'action.
Enfin, à l'échelle de la sous-région, l'application des nouveaux politiques (charte régionale sur le foncier rural au Sahel et en Afrique de l'Ouest, stratégie régionale de développement du pastoralisme au Sahel notamment) proposées par les OIG (CILSS, UEMOA par exemple) avec l'appui des organisations d'éleveurs (Bilital Maroobé et le ROPPA notamment) devrait permettre un développement et une adaptation de l'élevage à la variabilité climatique.
Plus d'informations peuvent être trouvés sur la page Documents et publications du CILSS et notamment la récente sortie de l'atlas des évolutions des systèmes pastoraux 1970-2012 du système d'informations sur le pastoralisme au Sahel, ouvrage conjoint CILSS CIRAD FAO
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